miércoles, 17 de noviembre de 2021

UN TEXTO BELLO, BELLO

  Que nos viene desde Francia. Escrito por Vivianne Perelmuter, con el espíritu de Isabelle Ingold, las dos directoras de la magnífica "Ailleurs, Partout".

Dice :


"Où est-ce que ça se passe ? Franchement, où ?
Et que se passe-t-il ?
Souvent, l'état du monde qui nous afflige et nous révolte, diffuse un sentiment d'impuissance et de noirceur, d’abattement qui défait nos forces. On se sent petit.e.s, trop petit.e.s.
Mais c'est oublier, ignorer même, tout ce qui se passe de manière éparse, locale, mais avec une telle vigueur que cela doit bien se réverbérer ailleurs.
Cela commence quelque part, cela commence ici, dans un petit village de la région d'Alicante, ce village dont jusqu'à présent nous ignorions même l'existence.
Jesus Pobre mais si riche.
On sentait que nous devions venir, une vague intuition. C'était les mots, la ferveur de l'équipe de Certamen de Cine de Viajes del Ocejón, leur prévenance, (notamment celle-ci : une personne viendrait nous chercher à l’aéroport et nous raccompagner – 1 heure de route quand même, 1 heure aller, autant au retour). C'était le fait aussi que nous serions logées chez l'habitant.e, manière incomparable de découvrir un lieu, les autres, à travers les gestes du quotidien.
La nuit avant le départ, le soupçon d'un remords de ne pas rester concentrées sur le travail en cours et puis la frousse de l'avion avaient un tantinet questionné notre désir de partir. Et puis hop, 3 heures de sommeil seulement, un vol bien matinal, et, juste avant, faire la valise.
C'est dire que nous étions un peu zombies en atterrissant à Valencia, mais une fois sur le tarmac, la vibration de l'air nous a de suite saisies ( “saisir” comme on dit en cuisine “saisir la viande”), et le parfum des pins et ce que je crois être une émanation de la mer, nous a grisées de promesses allées avec le soleil.
Barbara, dite Baba, nous accueille et nous conduit vers le village de 663 habitants. Comment anticiper, comment imaginer l'animation sur la petite place ? Un film vient de se terminer, et nous nous retrouvons au beau milieu d'échanges passionnés.
On se retire vers 17 heures, après le déjeuner et la visite d'un vignoble, pour nous reposer un peu.
Lorsque nous revenons le soir, vers 19h30 – je dis “le soir” mais pour les gens d'ici c'est encore l'après-midi – nous sommes surprises et enchantées par l'affluence du public pour la séance de Ailleurs, partout. La salle est pleine, archi pleine.
C'est un petit festival mais grand par l'intensité de ce qui est vécu, la qualité de l'attention, la singularité affûtée des remarques et questions du public, leur mémoire très précise du film. Et puis, il y a une telle énergie dans la salle et elle se prolonge dehors autour d'un verre de vin ou une bouteille de bière, une vitalité enjouée de l’engagement, de la mobilisation qui mobilise tout, tous les registres de la vie. On ne parle pas du fond sans parler de la forme, et vice et versa. Les forces vous reviennent, gonflées à bloc, ainsi que cette confiance indispensable de se savoir entourées, que d'autres sont là qui font ce qu'ielles peuvent et davantage encore, et même aussi avec des gestes infimes, apparemment plus confidentiels.
Après la clôture, il y eut un moment inédit et très touchant pour nous : pour la première fois, nous nous retrouvions à aider l'équipe à nettoyer et ranger toute la décoration installée dehors et dedans.
Et ce faisant, à chaque scotch enlevé, chaque table, chaque chaise, chaque guirlande décrochée, nous pouvions réaliser à rebours tous les gestes accomplis en amont par l'équipe – le soin, l’inventivité dont ces gestes témoignent, et qui, en retour, vous convoquent, vous hissent, pas seulement nous, le public aussi.
Merci tant aux gens de Jesus Pobre et des environs, et à la merveilleuse équipe, pour cette relance de vigueur et de foi, pour vos mots si précis et subtils.
Où est-ce que ça se passe ? Ici, assurément, y compris la pensée la plus acérée et pourtant jamais privée de l'émotion qui l'insuffle, ni de la gaité qui en est la saveur, le carburant et le possible élan vers l'action. La pensée ici est irisée de rires. Alors, on se rend compte qu'on ne savait pas bien ce que veut dire “être latin”. Bien sûr une effusion, une promptitude à parler avec des gestes et à toucher l'autre en parlant, mais mêlées à une élégance sans chichi, comme en Italie, une délicatesse, un raffinement.
Alors, permettez qu'on nomme Alvaro Pardo, María-José Ramos Sabatié, Pepe, Marta Lorenzi
Alvaro, avec sa prestance à la Fernando Rey, qui sait si bien parler des films mais qui, après avoir revu le nôtre, nous prend dans les bras pour nous remercier de notre travail et de notre présence. Mais qui remercie qui ici ?
Maria, de nationalité française, qui très jeune, s’installa dans le village pour continuer l'utopie dès lors que Mai 68 s'étiolait en France ; Maria traduisant mes mots de présentation (Isabelle n'a pas besoin de traduction, avec son espagnol qu'elle dit rouillé mais qui fouette l'air quasiment sans accent), Maria donc qui, m'écoutant avant de traduire, opine du bonnet et glisse un petit commentaire avec un rire qui contamine toute la salle.
Pepe, pharmacien de son état et flutiste traditionnel qui ne peut plus jouer suite à une opération du cœur mais dont la jovialité et les histoires communiquent aux échanges le souffle qui lui manque pour jouer.
Et Marta… Marta, qui présenta notre séance avec des mots si choisis et poétiques ; Marta qui nous héberge, avec son mari Fabian, dans leur belle maison conçue entièrement par leurs soins ; Marta, qui infuse un calme irradiant lorsqu'elle vous parle, faisant d'autant mieux ressentir l'écho de chacun de ses mots, et jusqu'à votre propre corps où ils pourront mieux cheminer.
Repartir, c'est savoir que ce lieu existe, ce lieu et ces gens. Et croire qu'un autre monde est possible qui est déjà là.
Traducción
¿En qué lugar ocurre? Francamente, ¿dónde?
Y ¿Qué ocurre?
A menudo, el estado del mundo que nos aflige y nos rebela transmite un sentimiento de impotencia y oscuridad, de abatimiento que derrota nuestras fuerzas. Te sientes pequeño/a, demasiado pequeño/a.
Pero es olvidar, incluso ignorar, todo lo que sucede de forma dispersa, local, pero con tal vigor que debe reflejarse en otro lugar.
Comienza en algún lugar, comienza aquí, en un pequeño pueblo de la zona de Alicante, ese pueblo que hasta ahora ni siquiera sabíamos que existía.
Jesús Pobre, pero tan rico.
Sentíamos que teníamos que venir, una vaga intuición. Fueron las palabras, el fervor del equipo de Certamen de Cine de Viajes del Ocejón , su precaución (especialmente esta: una persona vendría a buscarnos al aeropuerto y nos acompañaría a casa - 1 hora de viaje, de todos modos, 1 hora a la ida, otra a la vuelta). También fue el hecho que nos alojaríamos en casa de alguien del lugar, forma incomparable de descubrir un territorio, su gente, a través de los gestos cotidianos.
La noche antes de salir, algo de remordimiento por no estar concentrada en el trabajo en curso y luego el miedo al avión cuestionó nuestro deseo de irnos. Luego, solo 3 horas de sueño, un vuelo temprano, y justo antes, hacer las maletas.
Es decir, aterrizamos un poco "zombies" en Valencia, pero una vez en la pista, la vibración del aire nos agarró inmediatamente ("agarrar" como decimos en la cocina "agarrar la carne") el perfume de los pinos y lo que creo que es un aroma desde el mar, nos emborrachó de promesas acordes con el sol.
Bárbara, llamada Baba, nos da la bienvenida y nos lleva al pueblo de 663 habitantes. Cómo prever, cómo imaginar la animación en la pequeña plaza. Una película acaba de terminar y nos encontramos en medio de intercambios apasionados.
Nos retiramos alrededor de las 5 pm, después del almuerzo y la visita a un viñedo, para descansar un poco.
Cuando volvemos por la noche a eso de las 7:30 - digo "por la noche" pero para la gente de aquí todavía es tarde - nos sorprende y encanta la afluencia del público para la sesión de Ailleurs, partout La sala está llena, llena.
Es un pequeño festival pero grande por la intensidad de lo vivido, la calidad de la atención, la singularidad afilada de las observaciones y preguntas del público, su memoria muy precisa de la película. Además, hay tanta energía en la sala y se prolonga afuera alrededor de una copa de vino o una botella de cerveza, una vitalidad alegre del compromiso, de la movilización que moviliza todo, todos los registros de la vida. No se habla del fondo sin hablar de la forma, y viceversa. Las fuerzas vuelven a ti, hinchadas a tope, así como esa confianza indispensable de saberse rodeados, que otros están ahí haciendo lo que pueden y más, e incluso con gestos mínimos, aparentemente casi confidenciales .
Después del cierre, hubo un momento inédito y muy conmovedor para nosotras: por primera vez, nos encontramos ayudando al equipo a limpiar y guardar toda la decoración instalada afuera y dentro.
Y al hacerlo, con cada trozo de celo quitado, cada mesa, cada silla, cada guirnalda descolgada, podíamos darnos cuenta de todos los gestos realizados antes por el equipo - el cuidado, la inventiva que estos gestos demuestran y que, a cambio, te convocan, te izan, no solo nosotros, sino también al público.
Gracias tanto a la gente de Jesús Pobre y alrededores, como al maravilloso equipo, por esta reactivación de vigor y fe, por sus palabras tan precisas y sutiles.
¿Dónde esta ocurriendo esto? Aquí, sin duda, incluso el pensamiento más afilado y sin embargo nunca privado de la emoción que lo infunde, ni de la alegría que es su sabor, combustible y posible impulso hacia la acción. El pensamiento aquí está lleno de risas. Así que uno se da cuenta de que no sabemos bien lo que significa "ser latino". Por supuesto una efusión, una prontitud para hablar con gestos y tocar al otro hablando, pero mezcladas con una elegancia sin tapujos, como en Italia, delicadeza, refinamiento.
Así que permítanme que nombremos Alvaro Pardo, María-José Ramos Sabatié, Pepe, Marta Lorenzi
Álvaro, con su prestancia a la Fernando Rey, que sabe hablar tan bien de las películas pero que, después de ver la nuestra, nos toma en brazos para agradecer nuestro trabajo y nuestra presencia. ¿Pero quién agradece a quién aquí?
María, de nacionalidad francesa, que muy joven, se instaló en el pueblo para continuar la utopía desde que Mayo 68 agonizaba en Francia; María traduciendo mis palabras de presentación ( Isabelle no necesita traducción, con su español que dice oxidado pero que azota el aire casi sin acento), María pues, escuchándome antes de traducir, opina con la cabeza y desliza un pequeño comentario con una risa que contamina a toda la sala.
Pepe, farmacéutico de su estado y flautista tradicional que ya no puede tocar después de una operación del corazón pero cuya jovialidad e historias comunican a los intercambios el aliento que le falta para tocar.
Y Marta... Marta, que presentó nuestra sesión con palabras tan elegidas y poéticas; Marta, que nos aloja, junto a su marido Fabian, en su hermosa casa diseñada totalmente por ellos; Marta, quien infunde una calma irradiante cuando te habla, haciendo sentir mejor el eco de cada una de sus palabras, hasta tu propio cuerpo donde se abren camino.
Irse es saber que este lugar existe, este lugar y su gente.
Y creer que otro mundo es posible , otro mundo que ya está aquí.




 

2 comentarios:

  1. Grandes, enormes Isabelle y Vivíanne, gracias por tan hermosas palabras.

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  2. Aissss! Genial su presencia y emotivas, muy emotivas sus palabras.
    Leyendo revives imágenes y momentos compartidos y se eriza el vello y te reconcilias con la humanidad y deseas que existan más personas que sientan y se expresen así.
    Mandadle un gran abrazo.

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